Le crépuscule des mouflons (2)

Publié le par Didier

 

 

  Il est maintenant près de 11h, et nous approchons le bout occidental de Haute. Nous avons repéré une troupe de mouflons. Enfin, nous pouvons approcher suffisamment pour que le tireur se mette en position favorable.
  Il s'agit d'un groupe d'une vingtaine d'individus. Deux coups de feu éclatent, assourdissants. 



 

 
 Le premier tir a atteint une femelle. Max est content, dans le cadre de l'éradication, c'est la cible privilégiée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 On récupère les filets et un gigot, l'autre est souillé par des fèces et on ne veut pas prendre de risque avec escherichia coli.







 


Le second est un beau mâle de 4 ans.








 Avec lui, c'est l'inverse, les filets sont touchés, mais les gigots sont superbes.

  On se répartit la charge, on prend une collation rapide sur place, et c'est reparti dans l'autre sens, sur la face sud de l'île. Mais là, difficulté supplémentaire, on va avoir le vent dans le dos.

  Qu'à cela ne tienne, on va passer par les sommets. Et bien voyons, c'est beau la jeunesse! Moi, j'aurais bien fait une sieste de 10 mn, pas plus!


 On croise sans arrêt des restes des centaines de mouflons abattus. Celui-ci, on lui a laissé ses gigots.








  Le vent commence à se renforcer au fur et à mesure de l'ascension. Oh, ce n'est qu'une petite brise pour Kerguelen, 35/40 noeuds (un petit 80 km/h), mais on commence à observer ce joli spectacle qui a donné l'un de ses surnoms à cette île extraordinaire : le pays où les cascades coulent vers le haut.


  Les jours suivants, les conditions météorologiques redeviendront plus "normales" pour Kerguelen, vent à plus de 120 km/h. Et là on voit de grosses cascades faire de même! Malheureusement, mon matériel, comme je l'ai déjà expliqué plus haut, ne me permet pas de filmer dans ces conditions. Vous n'aurez que des photos de beau temps. On va finir par croire que c'est la côte d'azur ici! Il n'y pas que des questions de matériel d'ailleurs, on a alors d'autres préocupations, ne serait-ce que pour se répérer et rester debout.


 Enfin nous atteignons le sommet. Un cairn est justement là pour baliser l'endroit. Par tempête de neige, on ne voit plus à 10m et il peut servir...

 

 Il est 14h, on est parti depuis 10h, c'est curieux, je commence à avoir un peu mal aux jambes!








 Sur le chemin de la descente vers la cabane, nous nous trouvons de nouveau en position de tirer ce superbe mâle.
  Cela me fait vraiment mal au coeur de voir exterminer ces animaux qui sont superbes dans leur décor naturel auquel ils sont magnifiquement adaptés.

 Mais voilà, c'est comme les serres, Monsieur le Préfet des TAAF a décidé de les supprimer.

  Il faut dire que les mouflons ont consommé tous les choux de Kerguelen, les vilains!


 Je n'ai pas encore eu l'occasion de vous parler de lui : Pringlea ascorbutica. C'est l'emblême de Kerguelen (avec l'arche), il est endémique et il a de plus en plus de problèmes avec les espèces envahissantes. Il a une importance historique, puisque, comme son nom l'indique (scorbutica), il est riche en vitamine C, et il a permis à bon nombre de naufragés ou d'équipages croisant dans les parages d'être sauvés du scorbut. Cook, par exemple, nous en ramassé un paquet lui, et personne ne lui a rien dit!

 

  Bref, on veut laisser une chance au choux de reconquérir Haute, mais il n'a que peu de chance de le faire, car l'île est envahie par...le pissenlit qui étouffe toute vélléité de reprise.
 Ah, tripotez un ecosystème aussi fragile que celui-ci et Bruxelles s'arrache les cheveux. Je vous fiche mon billet que dans quelques années, il se trouvera un expert de cette belle ville qui aura une idée géniale : introduisons du mouflon, car il raffole...du pissenlit.

 

 

  Nous voici enfin arrivé, il est 16h.

  Première chose à faire, entreposer la viande dans le séchoir prévu à cet effet.

  



 Puis se  préparer un bon gigot de mouflon. C'est délicieux, beaucoup moins fort que je ne le pensais. On va se régaler.

 Et puis, il va être temps d'aller se coucher. On est fatigués et, mine de rien le temps passe vite, il est 19 h et demain, réveil à 03h30 et Terminator doit atteindre son quota... 

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